andrew infanti 

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Tristan Murail, Territoires de l'oubli

Œuvre interprétée en concert par Andrew Infanti

Tristan Murail écrit :

« On a pris l’habitude de ranger le piano parmi les instruments de percussions. C’est sans doute qu’on s’est trop laissé influencer par une image du piano (romantique, impressionniste), image que l’on voulait détruire. Au lieu de considérer le piano comme un simple instrument de percussion (des marteaux frappant des cordes), Territoires de l’oubli met l’accent sur son aspect plus spécifique : celui d’un ensemble de cordes mises en vibration par résonance sympathique ou par action directe des marteaux. » (lire la suite …)

Les cordes du piano mises en vibration

Le compositeur poursuit son commentaire :

« Aussi la pédale est-elle enfoncée dès le début de la partition, et tient-elle jusqu’à la fin, sans jamais être relevée. Signe que la pièce est écrite pour les résonances, et non pour les attaques, prises comme un phénomène inévitable, mais secondaire, comme des cicatrices du continu. Les complexes harmoniques qui en résultent sont en évolution très lente et oscillent de structures simples et claires à des complexes beaucoup plus chargés, noircis. Les hauteurs sont choisies en fonction des résonances naturelles du piano, qu’elles renforcent ou contrarient, selon le sens de l’évolution (vers plus de simplicité, ou vers plus de complexité) à un moment donné (…).

Les rythmes revêtent des formes “sinusoïdales”, se désorganisent et se recondensent sans cesse, avec un attrait particulier pour le rythme de “cœur” (iambé ou quasi régulier), le tempo étant quant à lui totalement instable (…). »